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La CCPHVA sur le sentier du territoire intelligent

Il aura fallu 9 années de travail aux élus et aux services de la communauté de communes Pays Haut Val d’Alzette (CCPHVA) pour arriver à concrétiser le projet de territoire intelligent, initié en 2009 par la désignation du territoire comme Opération d’Intérêt National (OIN) par Nicolas Sarkozy.

Ce 19 octobre 2019, le président André Parthenay a signé avec un groupement composé d’acteurs faisant partie des plus grands du secteur1, le premier contrat de partenariat d’innovation en France lié à un projet de territoire intelligent (plus connu sous l’appellation anglophone de “Smartcity”).

Partis pour 3 phases s’étalant sur 18 mois, les nouveaux partenaires ne cachent pas leur satisfaction, et expliquent tout ceci à notre micro :

L’idée est donc de lancer toute une série d’expérimentations et d’analyses, en impliquant les habitants, les entreprises et les élus dans un projet participatif, qui vise à co-construire des solutions pour améliorer ou simplifier la vie et le cadre de vie sur le territoire.

L’investissement pour cette première phase est à hauteur de 1 million d’euros, des fonds débloqués par différents partenaires grâce à l’OIN de 2009 et au label Ecocité décroché dans la foulée.

Territoire intelligent participatif ?

Derrière ces termes se trouvent des solutions concrètes, élaborées en s’appuyant sur des données pour faire face à des besoins du quotidien et produire des avantages partagés par le plus grand nombre. Chaque entreprise ou habitant pourra faire part de son idée, pointer du doigt un besoin, et même proposer des pistes de solutions.

“L’idée est d’équiper différents aspects liés au territoire avec une série de capteurs qui rapatrieront des données anonymes dans une plateforme, qui les croisera et les analysera pour en tirer des décisions visant d’un coté à réduire l’impact environnemental, la facture ou les désagréments constatés, ou de l’autre d’amplifier les effets bénéfiques de décisions prises sur cette même base.”

indique le représentant de Capgemini, représentant le groupement signataire de l’accord, précisant au passage la singularité de la démarche :

“La CCPHVA nous a demandé de ne pas partir que de solutions technologiques existantes pour les mettre en place, mais de partir des besoins exprimés et recensés par la population, pour créer les réponses technologiques adéquates”

La mobilité, les ordures ménagères, le commerce, l’information… difficile de savoir aujourd’hui avec précision comment améliorer ces éléments qui constituent la vie quotidienne, il y a trop de flou, trop d’inconnues, car pas assez d’informations pour imaginer des solutions.

Une fois les idées et les besoins rassemblés, les capteurs nécessaires à récupérer les bonnes informations sous forme de données seront implémentés. La plateforme intelligente va alors agréger ces données, les croiser selon les besoins, les historiser pour pouvoir produire des comparatifs dans le temps, et surtout donner des éléments de réponse pour que la prise de décision soit la plus juste possible.

A terme, des activités économiques ou publiques pourront être imaginées et adaptées grâce à ce système, dont l’action permettra de faciliter la vie des habitants, dont le nombre est attendu en forte hausse pendant les années à venir.

Côté agenda

Les premières concrétisations du projet, qui s’étendra sur les 20 années à venir et bien au-delà selon la CCPHVA, commenceront à faire parler d’elles courant 2019.

Dès le mi-novembre 2018, les premiers ateliers participatifs vont se mettre en place afin de travailler sur le recensement des besoins et des idées. Ce sont les habitants, les entreprises, les élus et les usagers du territoire qui se réuniront de façon régulière dans des groupes thématiques.

D’ici à la fin de l’année 2018, les habitants seront également invités à proposer des noms et un jury composé d’un panel de la population choisira le nom définitif du projet, qui sera ensuite accolé à chaque projet qui découlera de la plateforme.

Pour ces deux première actions participatives, les personnes peuvent manifester leur intérêt en s’inscrivant depuis cette page (cliquez pour y accéder, s’ouvre dans une nouvelle page).

A la mi-2019, le développement informatique de la plateforme débutera en même temps que l’implémentation des premiers capteurs.

Les déchets, premier champ expérimental

Les bacs à ordures ménagères connectés sont en train de faire leur apparition, ils seront reliés à cette plateforme intelligente au moment de son développement.

Premier objectif : optimiser les tournées de ramassage en fonction de la réalité de l’utilisation des bacs. L’amélioration des tournées permettra d’économiser de l’essence et donc de réduire l’empreinte carbone du ramassage, mais aussi d’améliorer sensiblement la gestion du temps des personnels, et donc leur cadre de travail.

Mais cela ne s’arrête pas là, et c’est tout l’intérêt de la plateforme évolutive, sur laquelle on pourra greffer autant de mécanismes que de besoins recensés dans l’avenir, ou d’idées pour en tirer partie, dès lors qu’ils ne constituent pas des gadgets.

Si par exemple un habitant propose que ces tournées soient mises en perspective avec les horaires connus ou prédictifs de saturation des voies de circulation, (NDLR : eux-même obtenus grâce à des capteurs de trafic disséminés sur le territoire), il pourra en résulter une fluidification du trafic, grâce à une adaptation du parcours des camions de ramassage des ordures ménagères au moment des ralentissements.

Ce ne sont pas les frontaliers, qui savent à quel point chaque détail pouvant faire gagner du tracas matin et soir est une bénédiction, qui se plaindraient d’une telle optimisation, et dont le premier effet secondaire serait celui de la diminution de la pollution aux gaz d’échappement, des volumes eux même susceptibles d’être analysés grâce à des capteurs placés aux endroits stratégiques pour, qui sait, produire d’autres idées, d’autres bénéfices.

Des élus aux anges

Alors que la communauté de communes était dans la tourmente en cette rentrée de septembre avec les velléités de trois de ses communes de se raccorder à l’agglomération de Thionville (projet douché en bonne partie par l’avis du préfet du fait de la loi NOTRe), l’annonce de la concrétisation du projet de territoire intelligent sonne comme un tocsin parmi les 8 communes de la CCPHVA.

Très ému par ce jour qualifié d’historique, le président de la communauté de communes y voit en effet un mécanisme qui provoquera progressivement le rassemblement de tous autour du berceau de la victoire :

Nous avons abattu beaucoup de boulot ces dernières années pour ce projet. Aujourd’hui nous y sommes, c’est le début d’un cercle vertueux, tous les habitants et les entreprises vont en bénéficier, y participer.

Vous verrez, ce récent passage tumultueux appartiendra au passé. Notre territoire va expérimenter et mettre en place des solutions innovantes pour chacune et chacun d’entre nous, ensemble nous allons faire l’avenir.

et d’ajouter la joie qu’il ressent à l’idée d’avoir réussi là où personne ne les attendait, grâce justement à une taille plus adaptée à l’agilité. Patrick Risser, le vice-président en charge du projet à la CCPHVA le confirme d’ailleurs :

Si nous signons le 1er partenariat du genre en France, c’est justement parce que notre taille nous permet d’éviter les écueils que peuvent rencontrer certaines grandes collectivités face à de tels projets.

Les effets du projet ont également changé ce qu’ils pensaient de la perception extérieure de l’image du territoire, de quoi redonner de la fierté et de l’envie :

Lorsque nous avons lancé la consultation d’appel d’offres, sincèrement, nous avions peur de n’avoir aucune réponse. Résultat : 5 candidatures, avec parmi elles les poids lourds du secteur qui se battent pour l’avoir !

Qui aurait pu croire que ce territoire aurait pu intéresser à ce point de tels acteurs économiques ? Grâce à ce projet, nous avons changé de catégorie, on peut se la péter un peu non ?

D’ordinaire réservés aux grandes métropoles telles que New York ou Dubaï, les projets de type Smartcity ont pour objectif avoué de faire entrer les territoires qui les portent dans une nouvelle ère, celle où on imagine un avenir meilleur et une planète protégée pour les générations futures.

La CCPHVA, avec le poids de son passé, était totalement inattendue sur le segment. Une surprise qui pourrait bien ouvrir la voie à d’autres territoires, encouragés ainsi à rejoindre un mouvement ayant dans son ADN, le souci environnemental comme élément prépondérant.

A l’heure du dérèglement climatique et de l’urgence d’y remédier, la richesse viendra-t-elle à nouveau de ce petit territoire qui fut déjà à la pointe de l’économie française au siècle dernier avec la sidérurgie ?

Ce serait un sacré clin d’oeil à l’histoire, et un beau bras d’honneur à la désindustrialisation qui a touché de plein fouet les communes de la CCPHVA.


(1) Capgemini, Bouygues et Suez

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